Une oeuvre, comme émanation du sacré de la création, ne peut naître sans un mélange d’émerveillement et de crainte, lorsque se révèle en elle, de façon toujours inespérée, l’inscription de
l’invisible fécondé.
J’ai longtemps peint des arbres, cathédrales élancées vers des ciels improbables. Des hêtres, comme les poils hérissés sur le dos
des montagnes hirsutes où je vivais alors. Depuis, d’autres ciels m’ont nourrie de leur lumière, d’autres fenêtres se sont
ouvertes sur mon paysage intérieur qui, peu à peu, m’a plongée dans le silence. Le ciel au travers des branches était, lui aussi, devenu silencieux. J’ai alors arrêté de peindre, sentant que je n’avais plus rien à dire.
En 2021, dans ma retraite confinée, la lumière est revenue me chuchoter des regards, que j’ai saisi sur une dizaine de toiles. Les portraits qui me regardent depuis lors, m’ont poussée à continuer, à ne jamais me dire que la création peut avoir une fin.
Il y a quelque chose qui se livre continuellement, quelque chose d’intarissable, que l’on peut nommer de maintes façons selon son vécu et si je tente aujourd’hui de mettre au monde ce quelque
chose dans la matière visible de la peinture, c’est peut-être pour lui rendre grâce. Ce serait comme une écriture qui, tel un cantique, dirait quelque chose de la rencontre première avec la
Lumière, vibrante. Réminiscence d’une joie à tout jamais inscrite en moi.
« Au Commencement », « Mémoire cosmique », « Kantiques », « Sagesses » forment les chapitres de ce nouveau récit.
Margreth Poreyko
Vernissage 3 juillet et atelier ouvert du 5 au 7 juillet.